Cher,
Il vint ce matin en disant : je n’ai pas peur de l’absence, mais j’ai peur de la perte. Cet homme s’était arrêté sur le chemin et je le surpris comme le rare joyau que l’on rencontre. Chaque fois qu’un oiseau rencontre un autre oiseau, ils se reconnaissent et j’ai pu assister aussi à certains messages pour le moins assez incroyables, ceux qu’ils s’adressent avec une joie non retenue, d’arbre en arbre. Vous rappelez-vous avec quelle surprise, alors que nous nous trouvions dans ce fameux parc, nous avions découvert un immense arbre, vert d’oiseaux ? Ils étaient tous éparpillés sur ses branches et remuaient de façon singulière. Ils semblaient tous honorer l’arbre, avec vénération et beaucoup de lenteur. Comme nous n’étions assurément pas à nous trouver dans une quelconque forêt tropicale, ces oiseaux verts nous apparurent pour le moins insolites. Vous rappelez-vous comme ils prirent ensemble leur envol et créèrent une féerie dans le parc ? Cher, je me suis rendue jusqu’à cette petite et charmante maison, aux abords du bois. J’ai revisité nos pas sur cette allée, j’ai respiré les champs, et les montagnes alentours. La rivière coule égale à elle-même, presque irréelle. Cet homme m’a accompagnée durant un moment et m’a dit : de nos jours les gens ont peur. Mais j’ai bien vu que je pouvais vous parler sans détour. Je regardais à ce moment, en pensée, ce renard qui nous avait fixé de son regard, l’été dernier, puis avait disparu dans les hautes herbes. Les renards n’ont pas peur des hommes. Les renards reconnaissent les vrais hommes. Ils ne sont pas malveillants comme on le croit. J’écoutais cet homme puis je lui dis : je n’ai pas peur, parce que j’ai tout perdu.