Liang 亮

Elle se remémorait ce jour fatidique, quand pénétrant dans la cour de l’école, le maître l’avait retenue violemment par sa longue natte brune et lui avait demandé pourquoi elle ne portait pas son tablier. La violence du geste, la brusquerie des mots l’avaient atteint comme un coup de poignard en plein cœur. Elle balbutia un pardon, mais le maître l’avait regardée avec du noir dans les yeux. Alors, elle avait fait demi-tour et s’était enfuie en courant et même Liang qui passait par là, surpris par son visage défait, n’avait pu la retenir. Jamais, jamais, je ne remettrai les pieds dans cette école. Tu m’entends Liang ? Je ne saurai jamais ni lire, ni écrire. Jamais ! Des années plus tard, alors que des milliers de gestes s’étaient déployés partout, dans la nature, dans le jardin, autour du feu de la cuisine, les longues soirées d’été à tisser et à chanter, Liang lui avait dit : Tu nous as enveloppés de tant de présence ! Elle avait pleuré.

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