Cher,
Nous n’ajoutons rien, nous n’enlevons rien. Nous ne pouvons désirer changer les choses qui ne changent pas. Pourtant, vais-je mettre un corps à tout ceci, un décor ? Vais-je flanquer mes mains nues, agrippées à je ne sais quoi, vais-je les lancer tout contre la montagne, là, où je vous ai rencontré, naissance de notre intimité ? Vais-je faire le récit de la quotidienneté ? Vais-je donner une mesure à ce qui est, à ce qui n’est pas ? Je contemplais en silence les étoiles en cette nuit d’octobre et je vous entendis arriver, comme la douceur la plus attendue, la plus insolite, la plus inattendue aussi. Les mots dansaient par millier dans ce ciel tiédi encore par les derniers soupirs de l’été. J’étais en cette inspirante solitude, celle que l’on chérit à bras-le-corps dans la chaleur d’un vieux châle, un châle bien usé. A votre apparition, j’éprouvai comme une étendue d’étoiles au firmament, j’éprouvai le soleil vivant d’une matinée boréale. Malgré tout, je pris le soin, le soin très minutieux de fermer la porte, doucement, de la refermer sans m’y attarder, sans crainte, sans la moindre émotion, sans la moindre hésitation, sans le moindre débordement aussi. Les étoiles dansaient et cela me suffisait.
Bien à vous
B.